Source : https://www.corsicamea.fr/contelegend/pastore.htm
Dans les contes et légendes de Corse que l’on raconte le soir au cours des longues veillée d’hiver, le diable est souvent présent. Il apparaît au fil des récits, tantôt tel qu’on se le représente, avec un corps couvert de poils, des pieds fourchus et une tête cornue, tantôt déguisé en simple humain, tantôt métamorphosé en bête. Malin, car il sait gagner la confiance des hommes, il est aussi orgueilleux et n’hésite pas à défier les anges et les saints. Toujours à la recherche d’âmes supplémentaires, Satan finit toujours par gagner; mais il arrive cependant que tout ne se passe pas comme il l’aurait voulu….
Il était une fois dans le village de Rapaghju, un jeune berger qui gardait tranquillement ses chèvres quand un homme qu’il n’avait jamais vu vint à sa rencontre et le salua. Les deux hommes engagèrent la conversation et après un long moment l’inconnu révéla au berger qu’il savait où un trésor était enfoui depuis des siècles et se proposa de lui en indiquer l’endroit en échange d’une autorisation de ramasser sous ses châtaigniers. Le marché conclu, le berger parti à la recherche d’un trésor gardé par des esprits maléfiques. Après trois jours de marche, il découvrit le champ de blé et aperçu l’arbre au pied duquel était enfoui le trésor.
Il creusa pendant des heures et à la nuit tombée, il entendit un bruit sourd résonner sous le coup de sa pioche.
Aussitôt le hurlement terrifiant des démons envahit le silence de la nuit, un serpent à langue fourchue jaillit hors du trou, un monstre hideux sauta devant lui. Rien ne découragea le berger qui, en faisant de grands signes de croix, continuait à creuser.
Soudain, accompagné d’un coup de tonnerre, un éclair zébra le ciel et le berger vit une forme blanche s’approcher de lui qui prenait lentement les traits de sa pauvre mère décédée quelques années auparavant.
D’abord fou de douleur, le berger se ressaisit et affronta ce fantôme qui n’était pas sa mère, jusqu’à ce qu’il s’évanouisse enfin dans la nuit noire.
Quand le jour se leva enfin, le courageux berger, qui avait vaincu tous les sortilèges, vit au fond du trou briller des pièces d’or….
Le diable avait perdu une bataille, mais il n’avait pas encore perdu la guerre…